Productivité des terres agricoles de la Région du Nord en 2021

Carte 2: productivité des terres agricoles de la Région du Nord en 2021

Ainsi, la couche d’occupation des terres de l’année 2021 « culture pluviale et territoire agro-forestier » est exploitée pour apprécier l’état de la productivité des terres agricoles de la Région du Nord. La superposition avec la couche de la productivité des terres donne des détails notables de la « santé » des terres cultivées. La carte 2 ci-dessous montre la répartition spatiale de la productivité des terres agricoles de la Région du Nord.

La région a une superficie de 16 129 Km2 et la couche « culture pluviale et territoire agroforestier » est de 11 346 km2 soit 70,3% du territoire régional. Autrement dit son poids dans la couverture et/ou l’utilisation des terres imprime la dynamique globale de l’environnement humain et biophysique. Les terres agricles ou encore « culture pluviale et territoire agroforestier » presentent une productivité très mauvaise à 15,6% contre celle mauvaise à 28,3% soit un culmul des deux classes estimé à 43,9%. Les champs à très bonne et bonne productivité  sont respectivement de 0,0% et 20,3%.  Par contre les champs relativement stables ou dont la productivité est équivalente ou similaire aux années historisques antérieures est de 35,7% (Tableau 1). Les parties blanches de la carte sont des trous issus de l’opération « Erase » pour extraire les autres couches d’occupation des terres.

Tableau 1:  état de la productivité des champs de la Région du Nord en 2021

ProductivitéSuperficieFréquence
Champ à très mauvaise productivité1 765,2415,64
Champ à mauvaise productivité3 191,8128,28
Champ à productivité équivalente4 029,8235,70
Champ à bonne productivité2 296,9420,35
Champ à très bonne productivité3,720,03
Total11 287,53100,00

Source : traitement LULC, NDVI de copernicus, 2023

Les résultats ont été rapportés au niveau provincial afin de dégager les disparités territoriales. La province du Loroum comptabilise 2 412,35 kilomètre carré de superficies agricoles. La superposition de la couche de productivité des terres de l’année 2021 à celle des cultures pluviales et territoire agroforestier fait ressortir des détails sur les superficies des terres selon l’état de productivité. En effet, les champs ayant une très mauvaise productivité est évaluée à 1 008, 2 Km2 représentant 41,7% du territoire provincial, contre 50,9% (1 228, 85 Km2) des champs présentant une mauvaise productivité. Les champs à bonne productivité ou stable sont respectivement de 0,7% et 6,5% donc relativement très faible. Par contre, il est a signalé la disparition des champs à très bonne productivité des terres.  La fréquence cumulée des champs à très mauvaise et mauvaise productivité est de 92,7% (tableau 1).  Ce pourcentage est un bon exemple des problèmes environnementaux des terres en général et des zones plantées spécifiquement pour répondre aux besoins de base (alimentation, éducation, événements sociaux, etc.).

Tableau 2: productivité des champs de la province du Loroum

Productivité des champsSuperficie en km2%
Champ à bonne productivité17,100,71
Champ à productivité équivalente158,216,56
Champ à mauvaise productivité1228,8550,94
Champ à très mauvaise productivité1008,2041,79
Total2412,35100

Source : traitement LULC, NDVI de copernicus, 2023

Quant à la province du Yatenga, la superficie agricole est estimée à 4 285 km2 et les valeurs de productivité varient considérablement. Ainsi, les terres agricoles sur culture pluviale et territoire agroforestier sont reparties à 17,5% de très mauvaise productivité, 41, 6% de mauvaise productivité, soit un cumul de 59,1% (Tableau 3). Il n’y a que 0,0 % de champs dans la classe où la productivité est très bonne. Cette situation est le résultat de la dégradation des terres et, surtout, la qualité de l’intervention des acteurs de la restauration des terres est remise en question.

Tableau 3 : productivité des champs de la province du Yatenga

Productivité des terresSuperficie km2%
Champ à bonne productivité203,564,75
Champ á productivité équivalente1 546,7036,09
Champ à mauvaise productivité1 784,4941,64
Champ à très bonne productivité0,390,01
Champ à très mauvaise productivité750,0017,50
Total4 285,15100,00

Source : traitement LULC, NDVI de copernicus, 2023

La province du Passoré a une superficie agricole estimée à 3 132,5 Km2. L’état de la productivité des terres agricole est apprécié comme suit :

  • 51,6% connaissent une stabilité en matière de productivité ;
  • 45,2% ont une bonne productivité et 0,1% ont une très bonne productivité ;
  • 2,8% et 0,1% ont seulement une productivité mauvaise et très mauvaise.

La province du Passoré contraste avec celles du Yatenga et du Loroum car les superficies agricoles exploitées sont relativement bonnes, autrement dit la dégradation est moins exprimée. Cependant, une proportion importante soit 51,6 % (tableau 4) des champs dans des conditions stables risquent de se dégrader davantage en raison des changements climatiques sévères, des mauvaises pratiques agricoles et, en particulier, des tendances récentes en matière de surutilisation des pesticides.

Tableau 4: état de la productivité des champs de la province du Passoré

Productivité des terresSuperficie Km2%
Champ á bonne productivité1 418,7245,29
Champ á productivité équivalente1 618,7151,67
Champ á mauvaise productivité87,932,81
Champ á très bonne productivité3,320,11
Champ á très mauvaise productivité3,820,12
Total3 132,50100,00

Source : traitement LULC, NDVI de copernicus, 2023

La superficie de la province du Zondoma est de 1 997, 44 kilomètre carré dont 1 457,56 Km2 de terres agricoles représentant 72,9% d’emprise territoriale.  L’appréciation de l’état de la productivité des champs laisse apparaitre une bonne productivité bonne atteignant 45,1% conte une productivité stable à 48,4%. Les terres agricoles à mauvaise et très mauvaise productivité sont respectivement de 6,2% et 0,2% (tableau 16). Il est a noté l’absence des terres à très forte productivité. Ce profil est relativement similaire à celui de la province du Passoré. Les caractéristiques présentent des terres à bonne productivité et une proportion importante de champs en productivité stable dont l’état demeure instable.

Tableau 5: état de la productivité des champs de la province du Zondoma

Productivité des terresSuperficie Km2%
Champ á bonne productivité                 657,57      45,11
Champ á productivité équivalente                 706,20      48,45
Champ á mauvaise productivité                   90,54        6,21
Champ á très bonne productivité                     0,02        0,00
Champ á très mauvaise productivité                     3,23        0,22
Total              1 457,56     100,00

Source : traitement LULC, NDVI de copernicus, 2023

D’une manière générale les terres improductives ou incultes sont importantes et celles peu productives ou à productivité élevée se rarifient. La province du Loroum se distingue par la prédominance des terres à faibles productivités agricoles, suivie du Yatenga. Les deux provinces présentent des tendances négatives de dégradation de plus prononcées que celles du Passoré et du Zondoma (figure 1). La production agricole de ces provinces sont dominées par les cultures céréalières en saison des pluies. Le caractère pluvial rythme les rendements et la productivité des terres. Cependant, les risques climatiques notamment les sécheresses, les inondations, les vents forts et les fortes chaleurs sont des défis environnementaux des zones à climat aride ou semi-aride. Selon LAME 2012a, depuis 1975, les températures ont augmenté d’environ 0,6°C ou 0,15°C par décennie. Selon différents scénarios climatiques développés par LAME (2012b), d’ici 2050 les fortes précipitations deviendront plus fréquentes et la durée des sécheresses sera plus variable en début et en fin de saison.

Au-delà des facteurs climatiques qui dynamisent la productivité des terres, ROOSE évoque le déséquilibre des éléments nutritifs des sols favorisés par l’érosion et la surexploitation des champs incultes par les labours (ROOSE, 2017). Pour les auteurs, le développement agricole dans la région soudano-sahélienne souffre de deux déficiences majeures : la sécheresse induite par le climat et la pauvreté des sols.

Figure 1: synthèse état de la productivité des champs

Source : traitement LULC, NDVI de copernicus, 2023

L’ampleur actuelle de la dégradation des terres, en particulier des terres agricoles, donne un aperçu des défis et des impacts socio-économiques. Les économies et les sociétés rurales dépendent fortement de l’agriculture. Ces dernières sont de petite taille, pluviales, moins qualifiées (faible niveau technologique) et plus sensibles aux chocs climatiques. L’improductivité des terres dans les régions semi-arides et subhumides, comme la Région du Nord du Burkina Faso, a un impact supplémentaire sur les moyens de subsistance de la population. Les céréales représentent la majorité de la production agricole au Burkina Faso et représentent environ les deux tiers de l’apport calorique de la population. La production céréalière est donc un facteur déterminant de la sécurité alimentaire et l’augmentation de la productivité céréalière est un enjeu majeur de développement au Burkina Faso (BAZIE et al, 2020).  En effet, le score de l’indice de la faim en 2022 est considéré grave (24,5 points), soit une légère baisse par rapport à 2014 (26,5 points) et alarmant en 2000 (44,9 points).

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